7 perles du cinéma japonais dans un coffret Télérama

Publié le 21 Février 2010

Télérama propose un coffret de 7 DVD réservé aux abonnés, pour l'instant) avec des bonus remarquables et qui permet de découvrir 7 chefs-d'œuvre d'un cinéma riche et divers, à la fois très éloigné de nos moeurs, de notre style de vie et, pourtant, incroyablement proche de nos préoccupations, voire même de nos tourments. Ces films vont de 1936 à 1965.


Deux sœurs, geishas l'une et l'autre, ont des conceptions opposées de leurs rapports avec les hommes. L'aînée, traditionnelle, est amoureuse de l'un de ses clients, Furusawa. Celui-ci a fait faillite. Abandonnant sa famille, il vit aux crochets de sa maîtresse. La cadette, Omocha, convaincue de n'être qu'un jouet entre les mains des hommes, entend leur rendre la pareille.
Critique amère de la société, Les Sœurs de Gion met régulièrement en lien le lieu des échanges commerciaux à celui de l’espace familial qui se délite. Les liens affectifs sont liés à l’argent. Si le caractère des personnages semble défini par leur condition sociale, il souligne surtout l’emprise des codes sociaux sur chaque individu. Le dépouillement des décors rend cette peinture de la réalité plus mordante et nous permet de nous focaliser sur une certaine intériorité.
Noriko, jeune fille ayant pratiquement passé l'âge normal (dans la société japonaise) de se marier, vit seule avec son père à Kamakura. Parfaitement heureuse avec lui, elle refuse tous les prétendants.
Ozu était un observateur tranquille et légèrement désabusé de la condition humaine, à la limite du pessimisme. Rester digne et humain sous les tracasseries journalières, apprendre à vivre tout en sachant que rien ne dure et que l'homme n'a d'autre choix que d'avancer et de faire avec, seul, toujours, voilà ce que n'a cessé de dire Ozu dans ses films. Comme le remarque l'un des personnages de Printemps tardif (au sujet des enfants) : Vous les élevez et ils s'en vont. Vous vous faites du souci s'ils ne se marient pas et vous êtes déçus s'il se marient, aucune solution n'est jamais satisfaisante.

Un couple de retraités se sent vieillir.
Un matin de juillet, ils décident de quitter leur petit village portuaire et de rendre visite à leurs enfants, établis à Tokyo. Mais ceux-ci les reçoivent plutôt froidement. Seule la veuve de leur second fils, tué à la guerre, Noriko, leur témoigne un peu d'amitié.
Ce film comme la plupart des autres raconte une histoire assez pessimiste et illustre la désagrégation des valeurs familiales et sociales, dans un pays guetté par la modernisation. Critiqué comme réactionnaire par certains, Ozu est en fait un contemplatif, inscrivant de menus faits quotidiens dans le grand livre de l'éternité, et donnant un sens au plus petit détail.  

 

L'action débute en 1942. Après avoir refoulé les Anglais, un régiment de l'Armée Impériale japonaise participe à l'occupation de la Birmanie. Une troupe de soldats fraternise avec la population birmane. Chaque homme révèle une sensibilité et une émotion, que même cette guerre n’a pas pu effacer. Ils forment un groupe solidaire et fraternel, la fracture hiérarchique n’existe pas, le capitaine est totalement accepté au sein du groupe. D’ailleurs, il fait littéralement office de chef d’orchestre. En effet, cette unité chante, guidée par le capitaine et accompagnée par Mizushima avec sa harpe. C’est par la musique que les hommes peuvent exprimer librement leurs émotions, elle devient un rempart contre la réalité de la guerre. Chanter apporte de l’espoir.

Autour du sujet de la guerre et de la défaite rôde un tabou persistant, toujours présent dans les esprits même dix années après. Avec ce film, Kon Ichikawa se permet de revenir sur les conséquences du conflit, en se concentrant sur l’expérience d’un quasi-déserteur, à l’origine un soldat naïf et pur. La réelle fraternité de l’unité fait écho à celle d’un pays tout entier, incapable ou presque de comprendre les raisons et les conséquences d’une défaite, d’une perte. Kon Ichikawa par son cadre magnifique et ses jeux de lumière précis venant nuancer la joie de ses personnages, se moque des idées abstraites d’honneur ou de dignité, il regarde frontalement la douleur de l’horreur d’une guerre.


Au XVIIe siècle, dans un Japon qui connaît brièvement la paix, de nombreux samouraïs devenus sans maître (ou ” ronin “) sont dans la misère. L'un d'eux, Hanshiro Tsugumo, du Clan Fukushima, arrive à Edo (Tokyo) dans la résidence du Seigneur Iyi, et demande la permission de commettre le ” Harakiri ” (ou ” Seppuku “) dans la cour.

A travers cette lutte entre la soumission exigée et le juste sentiment de révolte, le réalisateur oppose ainsi deux univers inconciliables : celui du sacré et du profane (et - peut-être plus précisément - de l'esprit figé dans la lettre) ou encore celui d'un honneur d'apparat et d'apparence qui camoufle celui du déshonneur réel.

Dans le nord du Japon, en 1945, la défaite est proche. Souffrant d'une pneumonie, le soldat Shûsaku Kawamoto, en permission, suit les conseils d'une femme rencontrée par hasard, et se rend dans un onsen niché dans les montagnes. A l'hôtel d'Akitsu, il rencontre Shinko, une jeune fille vive et joyeuse. Alors que les médecins militaires abandonnent Shûsaku à son sort, Shinko décide de veiller sur lui. Avec l’arrivée de Shûsaku venu mourir à Akitsu, Shinko trouve enfin un but à sa vie : forcer cet homme hanté par la mort à vivre.

Comme animée d’une force propre, la source d’Akitsu possède le pouvoir de vie et de mort sur ses habitants. À la fois juge et partie, la source guérisseuse suscite sans cesse le retour de Shûsaku tout en retenant auprès d’elle Shinko. Jusqu’à l’inéluctable. Chronique d’une liaison entre l’amour et la mort, La source thermale d’Akitsu est aussi une magnifique leçon de vie, nous apprenant que chaque saison, chaque étape de la vie, doit être vécue pleinement.

 

Par amour pour Shako, une fille de famille, le précepteur Atsushi Wakizaka, jeune homme sans fortune, tue un homme qui a, dans le passé, violé cette dernière, et a fait depuis subir un chantage incessant à sa famille.  Le lendemain du crime, Wakizaka reçoit la visite de Hayami, un fonctionnaire véreux des Eaux et forêts, témoin du meurtre dans le train, qui lui propose ce marché : si Wakizaka consent à conserver en lieu sûr trente millions de yens que Hayami a détournés de l'administration, et s'il s'engage à les lui rendre à sa sortie de prison, il ne dira rien à la police sur le crime.

Quatre ans plus tard, alors que Hayami purge sa peine, Wakizaka apprend que Shako s'est mariée. Désespéré par la "trahison " de celle qui était l'amour de sa vie, il décide de se livrer à tous les plaisirs de la terre, en dépensant l'argent de Hayami, et de se tuer lorsque celui-ci sortira de prison.

Le scénario des Plaisirs de la chair est à la fois irréaliste et remarquable d’intelligence. Ce qui intéresse Ôshima, ce sont les rencontres, et comment celles-ci, avec une logique d’un tragique implacable, concourent à mener cet homme vers sa perte.

Rédigé par nezumi dumousseau

Publié dans #Japon

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